POST MATER
Mademoiselle, je vous le répète, c’est le juge qui décidera de la date du décès, et personne d’autre !
Cet abruti de notaire avait raison : en cas de disparition avec conditions de mettre sa nature en danger (art. 88 du code civil), alors le décès peut être judiciairement déclaré. Or il n’en était rien. Ma mère s’était barrée avec ce petit con de Johnny avec qui je venais tout juste de me mettre en ménage. Ma mère s’était barrée avec mon julot du moment ! Vingt ans d’écart…
Ma mère est une belle salope, permettez-moi de vous le dire. Le jour où j’ai trouvé dans la salle de bain trois boîtes de préservatifs, j’ai compris pourquoi un gros froid s’était installé dans ma famille. En fouillant leurs portables, j’ai retrouvé mon beau-père en train de se faire sucer par un copain, et ma mère inondée de messages salement équivoques. Mon beau-père ne revint plus. Le PACS était annulé. L’abandon de famille majeure, sans versement de pension alimentaire ni défaut de paiement n’est pas un délit en France. De fouiller dans l’ordinateur de sa mère, n’en est pas un non plus. Ce fut une descente aux enfers. Des vidéos alignées en veux-tu en voilà, des partouzes à n’en plus finir, quinze mecs penchés autour d’elle en se branlant pour une douche de sperme, ambiance à partenaires multiples. Attachée et violée par des gaziers à la queue-leu-leu. Ne manquait plus que les chiens ! Je finis par les trouver langue pendante en train de se faire sucer le chibre par ma mère. D’abord un énorme caniche royal rose au poil taillé à la façon d’un bonsaï, et plus profond dans les entrailles du disque dur, une vidéo où elle se faisait grimper par un dalmatien en chaussons pour comprendre quel genre de perverse elle était. Une fois ce choc essuyé, il était temps pour moi de passer au chantage. On ne peut pas vraiment parler d’une habitude familiale, mais plutôt d’un usage fréquent. Ma tante se fit largement entretenir par mon oncle, le plus grand queutard que la famille ait jamais connu. Grand-mère également choyée par grand-père. Une cousine aussi. Je serai la première à essorer sa mère. Cela se fit à l’amiable, de gré à gré et en liquide exclusivement. Je refusais les bijoux, cadeaux de ses amants, de sacrés bonhommes, je pourrais vous en parler longuement. Ils se tapaient ma mère, mais ne refusaient jamais que je leur fasse une petite pipe. On se retrouvait ainsi dans des hôtels qui leurs étaient habituels, passages obligés pour des hommes mariés dignes et respectables. Le monde tourne à sa façon, c’est une manie qui entretient la démographie, la démocratie aussi je crois savoir. Et mon petit pécule…
J’appris bien plus tard en lisant son courrier, qu’elle avait dû coucher, sucer et baiser tous mes petits copains. Elle s’était barrée avec le dernier. Un romantique celui-là… Il voulait que l’on passât nos dernières vacances en faisant du stop à une quelconque station service autoroutière et se faire emmener par un transporteur routier au hasard de ses livraisons, circuler ainsi en vagabondant, errance aléatoire posée sur les bases d’un hasard de marchandises routières. C’est ce qu’ils avaient dû faire ensemble, puisque mon refus ferme et sans condition que je lui avais opposé avait mis fin à cette demande de vacances délirantes. Du coup, nous n’avions pu aller plus loin que Disneyland, lieu de mes plaisirs d’enfance, de tout mes fantasmes, de tous mes travestissements.
Cet abruti de notaire continuait :
Mademoiselle, vous avez raison sur ce point, il peut s’agir d’une disparition involontaire, accident, enlèvement, séquestration, meurtre, mais je vous le répète encore, au vu de ce qui nous est présenté, cela m’a tout l’air d’être une disparition volontaire. Cependant, au regard de la loi, il n’y a rien d’inquiétant pour le moment. 75 % des personnes signalées disparues sont retrouvées il suffit d’attendre, on va la retrouver.
Je n’en avais pas très envie. L’argent n’est pas mon moteur principal, même s’il faut bien vivre un peu au dessus de ses moyens de temps en temps. Ce notaire avait le don de me faire flamber le système nerveux de façon croissante.
Mademoiselle, il ne vous faut pas négliger ce fait de toute première importance : le rapport de gendarmerie…
Le rapport de gendarmerie ! Il n’avait que ce mot à la bouche depuis le début : Le rapport de gendarmerie… Est-ce que cela voulait signifier une chose plus qu’une autre la découverte de la Rover de Johnny sur un chemin de campagne en direction du Sud, à trente kilomètres d’une autoroute, et à l’usage de la carte bleue de ma mère dans une station service de cette même autoroute pour l’achat de cinq sandwiches et de deux flacons d’eaux minérales ?
Ce qui me gênait le plus dans cette histoire, c’est la couverture sur le siège arrière. Je ne pouvais m’empêcher de voir Johnny peint tout en blanc et recouvert de tâches noires comme un dalmatien en train de prendre ma mère par derrière qui en léchait de plaisir le levier de vitesse…
Pourquoi l’avoir abandonnée là cette voiture ? Pourquoi ne pas me l’avoir laissée ? J’aimais bien rouler à l’anglaise, le volant à droite.
… Ça fait classe je trouve, un volant à droite.